Dans notre Université Catholique de Louvain, un service de cardiologie pédiatrique est crée pour la première fois à la fin des années 1950, à la Clinique Saint-Joseph à Herent. Il faut se replacer dans le contexte de l’époque : avant les années ‘50, les malformations cardiaques congénitales étaient considérées comme incurables et les traités de médecine concluaient en l’absence de traitement !






Les années 50 sont celles des premières corrections chirurgicales à cœur ouvert aux Etats-Unis, suite à la mise au point et l’utilisation avec succès de la technique de la circulation extracorporelle par le chirurgien Walton Lillehey et son équipe, en 1955 (Minneapolis).

Le 25 janvier 1958, la couverture de Paris-Match est dédiée à la première correction chirurgicale en France d’une malformation cardiaque chez un enfant, la petite Danielle, opérée d’une communication interauriculaire à l’âge de 7 ans. Les images tirées de ce magazine illustrent les moyens techniques utilisés à l’époque et permet de se rendre compte des progrès réalisés depuis lors. La taille de la pompe de circulation extracorporelle est impressionnante et son fonctionnement requiert la présence de l’ingénieur qui l’a conçue. Treize donneurs de sang, dont 5 venus d’Outre-Atlantique vu la pénurie de donneurs, auront été nécessaires pour donner leur sang dans les 3 heures qui précèdent la chirurgie.

Un autre évènement marquera cette année 1958 : le prince Alexandre de Belgique est opéré du cœur par le Professeur Gross au Children’s Hospital de Boston. Il apparaît ici lors de sa première sortie officielle 4 mois après cette intervention, à l’occasion d’un gala au Théâtre du Parc.

Depuis cette époque, des progrès remarquables ont transformé les malformations cardiaques dites incurables en affections reconnues et traitées quasi en routine, conduisant le plus souvent à l’espérance d’une vie normale. Les services de cardiologie pédiatrique et de chirurgie cardiaque de l’U.C.L., initialement localisés à la Clinique Saint-Joseph à Herent-Louvain, puis (depuis 1976) aux Cliniques Universitaires Saint-Luc, ont participé à cette révolution. Dès les années ’50, les corrections et les traitements chirurgicaux de certaines malformations par chirurgie ‘à cœur fermé’ ont été proposés. La chirurgie à cœur ouvert a débuté en 1960, soit deux ans après la première correction chirurgicale rapportée en France.

En 1960, le Professeur LAVENNE, responsable du service de Cardiologie adulte, charge le Docteur TREMOUROUX, puis le Docteur VLIERS, de s'occuper des enfants cardiaques. L’importance du travail amène l’équipe de Cardiologie Pédiatrique à s’étoffer. Les Professeurs PONLOT, CHALANT, JAUMIN, et plus récemment le Professeur RUBAY, le Docteur d’UDEKEM d’ACOZ et le Dr PONCELET sont les chirurgiens qui ont opéré les enfants que nous leur avons confiés. Aux cardiologues pédiatres précités ont succédés les Docteurs LINTERMANS, CAILTEUX, SLUYSMANS, OVAERT, SHANGO-LODY, BARREA et MONIOTTE. Les anesthésistes et les réanimateurs ont été eux aussi des acteurs efficaces et indispensables durant la chirurgie et durant la période postopératoire de cette aventure.

L’éventail des possibilités de traitement s’est enrichi à la fin des années 1980 des techniques du cathétérisme interventionnel. Celui-ci permet, grâce à l’introduction de divers cathéters dans le cœur via les vaisseaux sanguins, de fermer des communications anormales, d’élargir des communications indispensables, de dilater des vaisseaux et des valves etc.. La septostomie interauriculaire, qui permet d’élargir une communication entre les oreillettes, est réalisée en 1967 pour la première fois à l’U.C.L. par le Professeur Vliers, un an après la description de la technique par le Dr Rashkind aux Etats-Unis. La première dilatation de valve pulmonaire est réalisée, par le Professeur Vliers en 1985, 3 ans après la première aux Etats-Unis.

Le traitement des malformations cardiaques de l’enfant a nécessité la participation efficace et l’énergie des infirmières, des médecins et des techniciens de nombreuses autres spécialités médicales sans qui rien n’aurait été possible. Qu’ils soient tous remerciés ici !

Suite au progrès du traitement des malformations cardiaques, nos patients ont pu grandir et plus de 50% de ces patients ont actuellement dépassé l’âge de 18 ans. Ces adultes sont toutefois confrontés à un certain nombre de problèmes et nécessitent un suivi médical adapté à la complexité de leur pathologie. Cette démarche nécessite la mise en commun de compétences complémentaires offertes par les services de Cardiologie, de Cardiologie Pédiatrique, de Chirurgie Cardio-vasculaire et de Médecine interne. Elle a motivé la création aux Cliniques Saint-Luc du premier Centre des Cardiopathies Congénitales de l’Adulte en Belgique francophone. Ce centre fut inauguré à l’occasion de l’éméritat du Docteur TREMOUROUX qui s’est consacrée durant 40 ans aux soins des enfants, adolescents et adultes porteurs d’une cardiopathie congénitale. Depuis l’ouverture du centre, les Docteurs PASQUET et KEFER, toutes deux cardiologues adultes, complètent l’équipe des cardiologues pédiatres dans la prise en charge de ces patients arrivés à l’âge adulte.












Les activités des services de Cardiologie Pédiatrique et de Chirurgie Cardiaque congénitale sont importantes. Depuis sa création, ces services ont pris en charge plus de 25.000 patients ; plus de 5000 consultations sont réalisées chaque année et plus de 500 nouveaux patients sont vus annuellement. Ces dernières années, les diagnostics sont essentiellement le fait de l’échographie et le recours au cathétérisme diagnostique est de moins en moins fréquent. Chaque année, plus de 300 nouveaux enfants nécessitent un traitement, soit par cathétérisme interventionnel, soit par chirurgie, soit par les deux techniques qui peuvent être complémentaires.

La cardiologie pédiatrique des cliniques Saint Luc a depuis toujours joué un rôle important dans l’enseignement. Cet enseignement s’adresse aux médecins et aux paramédicaux. Cette activité d’enseignement à ainsi permis de donner une formation complémentaire en cardiopédiatrie et en échocardiographie à de nombreux pédiatres qui après la formation sont partis exercer dans les 4 coins de la Belgique francophone (Namur, Charleroi, Tournai, Liège, Arlon etc. …). Ceci permet à beaucoup de patients d’être suivi régulièrement, plus près de chez eux. Cette activité d’enseignement a également profité à des médecins venus de l’étranger. C’est ainsi que des médecins en provenance de France, du Chili, de la République Démocratique du Congo, du Rwanda, du Burundi, du Venezuela etc. … sont venus apprendre la cardiologie pédiatrique dans notre service. Cette ouverture à l’étranger a été facilitée par l’Université Catholique de Louvain qui a soutenu de nombreux projets de collaboration avec des pays étrangers. C’est également l’implication importante de notre service depuis 1997 dans l’association humanitaire ‘la chaine de l’espoir,  Belgique’(www.chaine-espoir.be) qui a favorisé une collaboration étroite avec plusieurs pays où les divers traitements sont encore difficilement disponibles. Plusieurs médecins en provenance du Rwanda, de la République Démocratique du Congo et du Venezuela ont ainsi pu bénéficier de stages de formation dans notre unité. Plusieurs missions chirurgicales et de cathétérisme cardiaque sont également réalisées chaque année dans ces pays permettant de soigner des enfants mais également de former les équipes locales.